Déployer la culture à grande et à petite échelle à la formation générale des adultes
Une salle aménagée avec de jolies plantes, des « bean bags » confortables et une petite cafetière. Un endroit chaleureux, à l’ambiance feutrée, où la créativité fait se mouvoir le crayon frénétiquement dans des cahiers d’écriture. Non, vous n’êtes pas dans un studio de scénaristes hollywoodiens ni dans les bureaux d’une grande entreprise de production de jeux vidéo à Montréal. Vous vous trouvez dans le local d’un centre de formation pour adultes en Montérégie. Un projet de création littéraire est en cours ! Petite incursion dans la classe de Lisa-Marie, une enseignante à la formation générale des adultes (FGA) au Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, qui enseigne le français à des élèves de niveaux présecondaire et secondaire (premier cycle).
Une collaboration stimulante dans un cadre flexible
Le projet qui a cours, c’est un projet financé grâce au volet Une école accueille un artiste ou un écrivain du programme La culture à l’école. L’enseignante a concrétisé un partenariat avec un artiste de la région, un auteur apprécié du milieu, pour non seulement amener les élèves à écrire, mais surtout leur insuffler le goût de le faire. Les adultes de sa classe côtoient l’artiste au quotidien. C’est un modèle et un médiateur. Tantôt, on le voit à l’œuvre, affairé à faire naître une histoire sur du papier; tantôt, cet écrivain en résidence soutient les élèves dans leur propre processus de création et les invite à explorer les mots, à leur rythme. De fait, le projetest extrêmement flexible, question de s’adapter à la réalité des adultes et à leur besoin d’autodétermination.
Une lecture publique des œuvres créées dans le cadre du projet est prévue à l’agenda. Proches et collèguesde classe sont invités. Mais… aucune obligation pour les artistes en herbe. La bienveillance est au rendez-vous; si vous foulez les planches, c’est que vous êtes volontaires. Pour plusieurs, ce projet sera l’occasion de grandes premières : première apparition publique, première création, première collaboration avec un artiste, première lecture complète d’un roman du début à la fin en vue de bien accueillir l’artiste invité… Ce contact privilégié avec un écrivain changera leur rapport à la lecture et à l’écriture.
La culture au quotidien
Si le projet en cours est circonscrit dans le temps (il dure six semaines), l’enseignante affirme que la culture est au cœur de son enseignement au quotidien. Elle possède une grande variété de stratégies pour jouer son rôle de médiatrice d’éléments de culture. Voici quelques exemples :
- Chaque année, elle cible une thématique particulière. Cette dernière lui sert de fil conducteur et peut donner lieu à différentes activités d’enseignement et d’apprentissage bien ancrées dans la culture. Son groupe étant hétérogène, cette thématique devient un lieu de rencontre, un lieu de convergences, pour l’ensemble de ses élèves.
- Lorsqu’elle met sur pied un projet, elle le construit en collaboration avec les adultes qui fréquentent sa classe. Elle s’assure ainsi de leur engagement dans le projet.
- Elle tire profit du bagage culturel de ses élèves et fait des ponts avec le contenu à apprendre. Une des stratégies qu’elle préconise est celle de faire appel aux intérêts musicaux de ses élèves. À partir d’un corpus commun, à lire ou à écouter, elle amène ses élèves à réaliser des apprentissages et à développer leurs différentes compétences.
- Elle met en place un tableau d’honneur. Lorsqu’un élève termine un roman, on sort l’appareil photo ! Les photographies de visages fiers s’accumulent sur un mur de la classe.
- Elle tire profit des ressources en ligne, facilement accessibles, pour mettre ses élèves en contact avec différentes dimensions de la culture.
Lisa-Marie amène ses élèves sur le chemin de la découverte en partant du bagage de ses élèves. Elle les écoute continuellement. Il est important pour elle de tisser des liens entre ce qui est enseigné en classe et la réalité de ses élèves. Ils doivent se sentir concernés.
Le rapport à la culture
Pour l’enseignante, il est important de nourrir le rapport à la culture des apprenants qui fréquentent sa classe en leur donnant accès à de nouveaux repères culturels, en leur faisant vivre de nouvelles expériences et en les mettant en contact avec des modèles différents. Elle le constate : ses élèves en ressortent grandis, plus confiants et, surtout, ils témoignent d’un plus grand sentiment de compétence pour faire face au monde du travail ainsi qu’à leur vie citoyenne.