Au Centre de services scolaire de la Capitale, dans une école dynamique du quartier Limoilou, une enseignante a fait de sa classe un lieu vivant où la dimension culturelle est à l’honneur. Alexandra G. Brisson, une passionnée d’art vivant, y enseigne depuis près de 15 ans à des enfants d’âge préscolaire. Nous présentons ci-après le compte rendu d’un entretien que nous avons eu avec elle en janvier 2022 et qui présente, à travers certaines stratégies d’intégration de la culture, les retombées observées sur le développement et les apprentissages des tout-petits.
De nouveaux champs d’intérêt
Ouvrir les portes de l’école à la culture est, pour cette enseignante, une occasion en or de voir naître de nouveaux champs d’intérêt chez ses élèves. Que ce soit par le biais d’activités culturelles qu’elle planifie et pilote elle-même (ex. : projet thématique autour d’une réalité culturelle à découvrir ou d’une œuvre artistique à faire connaître aux enfants) ou d’activités impliquant des partenaires culturels (ex. : atelier culturel à l’école), Alexandra remarque que ce type d’expériences soutient non seulement le développement global de ses élèves, mais aussi la naissance et l’ancrage de nouveaux champs d’intérêt. Ceux-ci représentent, pour l’enseignante, des braises bien chaudes qui ne demandent qu’un souffle pour être rallumées, ce qu’elle fait, au grand plaisir de ses élèves, à travers d’autres activités de réinvestissement.
Dans la classe d’Alexandra, un projet réalisé autour de l’évolution de l’art de la marionnette peut donner lieu à de nombreuses activités signifiantes pour les enfants. L’enseignante le dit avec un grand sourire aux lèvres : « Les possibilités sont infinies! » Fabriquer une marionnette pour travailler la motricité fine, donner un nom à sa marionnette pour s’éveiller à l’écriture, inventer une histoire pour apprendre à raconter et jouer une saynète pour développer son langage et bien plus encore. Toujours à l’écoute des réactions de ses élèves, elle s’arrête avant que les braises ne s’amenuisent, s’assurant ainsi de garder l’intérêt vivant. Il ne faut surtout pas abuser des bonnes choses!
Les élèves vus sous un autre jour
Pour Alexandra, les activités culturelles font apparaître de nouvelles facettes chez ses élèves et lui permettent d’en apprendre énormément sur eux : elle voit leurs réactions et leurs comportements par rapport à de nouvelles expériences; elle peut obtenir des informations sur leurs habitudes culturelles et ce qui les anime; elle peut voir de nouvelles habiletés se manifester. C’est particulièrement le cas chez des enfants éprouvant des difficultés de concentration qui, durant des ateliers culturels avec un artiste invité, déploient différemment leur énergie et se montrent très créatifs : « C’est agréable de voir ces caractéristiques-là, ces côtés-là, ressortir chez des enfants qui ont plus de difficulté à concentrer leur énergie. C’est une occasion de dire de belles choses positives sur ces élèves-là. » L’enseignante tire profit de ce qu’elle observe dans ce contexte d’apprentissage différent pour mettre le doigt sur ce qui motive les élèves présentant des défis. Si elle voit poindre un intérêt particulier chez les plus vulnérables – ce qui arrive souvent lorsque l’art ou d’autres types d’activités culturelles s’invitent en classe –, elle tire profit de cet intérêt et met en œuvre des activités pédagogiques du même ordre.
Des effets dans la famille
Dans le contexte de l’éducation préscolaire, l’équipe-école entretient un lien étroit avec la famille. Alexandra le note à quelques reprises : « La famille est très importante. » Ce qui est vécu dans la classe dépasse largement les frontières de celle-ci, soit grâce aux fréquentes communications entre l’enseignante et les parents, soit grâce à ce que racontent les élèves une fois à la maison. Alexandra remarque d’ailleurs que, dès qu’une activité culturelle se déroule dans sa classe, un effet de vague se produit : « Les familles sont intéressées à aller voir des spectacles, à aller dans des expositions parce que l’enfant y a été intéressé à l’école. »
Pour l’enseignante, les arts et la culture à l’école, « c’est vraiment précieux pour les enfants ». Stimulation, inspiration et développement, ouverture au monde, créativité, voilà une longue liste de points positifs pour l’intégration de la culture à l’école.