Jean-Michel Zarkhartchouk

Le passeur

« Il s’agit là d’un vieux mot qui correspond, dès le Moyen Âge, à celui qui fait franchir un obstacle, et en particulier un fleuve. Personnage de conte ou de mythologie, il embarque le voyageur vers des rives inconnues […]. C’est probablement à un voyage que nous devons inviter les élèves à participer. Non un voyage sans retour, mais un voyage qui peut transformer celui qui accepte l’offre du guide, si toutefois il ne se contente pas d’un rôle passif, s’il est convié, même, à prendre la rame. Un voyage où il ne s’agit pas de renoncer aux charmes de la rive de départ vers laquelle on revient continuellement, mais qui ne sera jamais tout à fait la même quand on aura goûté les fruits d’un monde plus vaste, plus riche. »

« Si l’enseignant aide à effectuer ce voyage, il devient donc ce passeur vers une « culture » qui « vaut la peine », une culture dans laquelle lui-même doit être plongée, bien que le voyage soit une occasion continuelle d’aller plus loin. Passeur « cultivé », s’il veut être « culturel », et « cultivé » en particulier dans son domaine spécifique, celui de la pédagogie, sans laquelle il ne peut y avoir de passage pour tous. »

 

Zarkhartchouk, J.-M. (1999). L’enseignant, un passeur culturel. Pages 19-20.